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Les 16 volcans les plus dangereux au monde

Les scientifiques simplifient les choses pour nous aider, nous les néophytes, à comprendre les volcans. La réalité, bien sûr, est plus compliquée. Chaque volcan est unique. Les volcanologues doivent apprendre la « personnalité » et l’histoire de chacun d’entre eux lorsqu’ils essaient d’aider les gens qui vivent à proximité. Mais avec des ressources limitées, comment choisir les volcans à étudier ? Voici comment. Lorsque les Nations unies ont fait des années 1990 la Décennie internationale de la prénetion des catastrophes naturelles, les volcanologues ont décidé de se concentrer sur 16 volcans, deux aux États-Unis, deux au Japon, un en Italie, et un dans dix autres pays. L’un de ces volcans de la Décennie – le Taal, aux Philippines – fait actuellement la une des journaux.

16. Le volcan Taal, Philippines

Taal a fait l’actualité internationale avec son éruption dramatique en janvier 2020. La situation actuelle est toujours instable, alors considérons simplement qu’il s’agit d’un volcan de la décennie. Plus de 20 millions de personnes vivent près du Taal, situé à seulement quelques dizaines de kilomètres au sud de Manille, la capitale du pays. Le risque humain à lui seul a fait de Taal un candidat pour la liste des Volcans de la Décennie dans les années 1990.

Mais le Taal a également été très actif au fil des siècles, ainsi que quelques éruptions dans un passé lointain assez puissantes pour avoir laissé des caldeiras qui ont fini par se remplir avec le lac Taal. La communication est également importante en volcanologie. Les scientifiques et les planificateurs régionaux ont travaillé ensemble dans le cadre du programme « Volcan de la décennie » pour limiter le développement intensif à l’intérieur de la caldeira. Cette prévoyance a probablement rendu la crise actuelle un peu plus facile à gérer.

15.Avachinski-Koriakski, Russie

Population à risque : Plus de 200 000 personnes vivent à moins de 100 km de ces deux volcans sur la péninsule du Kamtchatka, dans l’Extrême-Orient russe. Dernière éruption connue : Avachinsky, 2001 ; Koryaksky, 2009. Le revers de la médaille de vivre dangereusement à proximité d’un volcan en activité ? Tout le plaisir que l’on peut avoir pendant les périodes de calme ! Les personnages de cette vidéo ont par exemple atteint le sommet d’Avachinski un jour ensoleillé et ont également eu une excellente vue sur le Koriakski tout proche.

L’Avachinski a l’air si solide là-bas. Il est difficile de croire que ce volcan se réveille parfois. Cependant, la ville voisine de Petropavlosk, la plus grande ville du Kamchatka, a été construite sur les dépôts laissés par une de ces catastrophes préhistoriques. Les coulées de boue et la lave sont des risques plus probables et peuvent se produire sur l’un ou l’autre des deux volcans. Petropavlosk est tellement isolée que ses habitants devront attendre l’arrivée des secours par terre et par mer en cas d’urgence volcanique.

14. Colima, Mexique

Population à risque : 1,5 million. Dernière éruption connue : 2019. Colima, un centre volcanique complexe situé près de la côte ouest du Mexique, présente de multiples dangers, en plus d’être une menace pour les zones de population. D’une part, elle connaît de fréquentes éruptions violentes : comme celle qui s’est produite ici en 2017, filmée par des caméras de surveillance. Presque tous les Volcans de la Décennie se trouvent dans des zones de subduction, qui produisent généralement un volcanisme explosif.

Ces explosions provoquent des effets de souffle, des roches balistiques et des bombes de lave, ainsi que des coulées pyroclastiques. Comme vous pouvez le voir, elles déclenchent même des incendies. Et Colima le fait encore et encore. Au cours des derniers millénaires, elle a également connu plusieurs glissements de débris importants. Après avoir fait la liste des volcans de la Décennie, de nouvelles cartes de risques ont été établies pour Colima et son poste de surveillance a été restructuré.

13. Etna, Italie

Population à risque : Un quart de la population totale de la Sicile vit sur les pentes de l’Etna et est donc potentiellement en danger. La dernière éruption connue est plus que récente puisqu’elle date de 2020. Tout le monde le connaît ! L’Etna est un site de l’UNESCO et possède l’un des plus longs registres historiques d’éruption de tous les volcans en activité, remontant à quelque 3 500 ans. Un regard sur ses spectaculaires coulées de lave vous dira pourquoi l’Etna a été choisi comme Volcan de la Décennie.

Les images ci-dessus ont été filmées en 2011 près de la ville de Zafferna, qui n’existe aujourd’hui que grâce aux efforts coordonnés de 1992 qui ont réussi à endiguer puis à détourner une coulée de lave qui menaçait de submerger la ville. Ce genre de succès n’arrive pas très souvent lors d’une éruption, la lave et les explosions hydrothermales occasionnelles comme celle-ci étant les principaux dangers de l’Etna. Cependant, la Sicile est fortement dépendante du tourisme sur l’Etna ainsi que des produits agricoles cultivés sur le volcan, de sorte que toute augmentation de l’activité aurait également de mauvais effets économiques.

12. Galeras, Colombie

Population à risque : Près de deux millions. Dernière éruption connue : 2014. Une tragédie s’est produite sur ce stratovolcan au sommet plat en 1993, lorsque certains touristes ainsi que six volcanologues, qui participaient à un atelier sur les volcans de la décennie, ont été tués par une éruption inattendue. L’activité au Galeras avant et pendant cette excursion risquée était bien sûr fortement surveillée, mais personne n’avait encore vu les signaux sismiques, appelés « tornillos », qui sont arrivés juste avant l’explosion.

Aujourd’hui, tout le monde sait que les tornillos sont des signes avant-coureurs d’une activité explosive imminente ; une découverte scientifique qui a coûté très cher. Le Galeras est l’un des volcans les plus actifs de Colombie. Au-dessus, ses feux d’artifice de 2008 illuminent le ciel de la ville voisine de Pasto. Les dangers sont les coulées de débris, les grandes éruptions avec de fortes chutes de cendres et les coulées pyroclastiques.

11. Mauna Loa, États-Unis

Population à risque : 175 000. Dernière éruption connue : 1984. On pourrait penser que le Mauna Loa est juste cette longue et basse montagne près du Kilauea, le volcan hawaïen qui a eu une éruption spectaculaire en 2018. Le Mauna Loa est en fait le plus haut volcan actif sur Terre, s’élevant à près de 10 000 mètres au-dessus du fond de la mer Pacifique. Il a également de fréquentes éruptions. En 1984, une coulée de lave s’est produite à moins de 8 km de la ville de Hilo.

La lave est le principal danger ici, bien que le Mauna Loa ait également connu quelques effondrements de flanc dans un passé très lointain. Heureusement, les îles hawaïennes sont loin d’être une zone de subduction, et les éruptions y sont généralement moins explosives. Les volcanologues surveillent le Mauna Loa de près, car il semble s’accumuler lentement jusqu’à une nouvelle éruption, mais ils n’ont pas vu de raison de relever le niveau d’alerte plus haut qu’il ne l’est maintenant (en jaune, le stade d’alerte le plus bas).

10. Merapi, Indonésie

La population à risque s’élève à près de 25 millions d’habitants. La dernière éruption connue du Merapi n’est pas si lontaine puisqu’elle date de 2019. Une grande partie de la collaboration internationale s’est concentrée sur le Merapi pendant le programme « Volcan de la décennie ». En effet, avec 49 éruptions explosives entre 1548 et 2010, c’est l’un des volcans les plus actifs et les plus dangereux d’Indonésie et il se trouve dans une région très peuplée, sur l’île de Java. Généralement ses éruptions se déroulent tous les 4 à 5 ans.

Les éruptions du Merapi sont également violentes, avec des coulées pyroclastiques de longue durée. C’est d’ailleurs sûrement la raison pour laquelle il s’appelle Merapi qu signifie montagne de feu en javanais. Outre ces terrifiants nuages gris meurtriers, le Merapi présente des dangers tels que les lahars (mot indonésien signifiant coulées de boue) et les grands glissements de terrain. La pire éruption de Merapi a eu lieu récemment, en 2010, et a tué plus de 100 personnes.

9. Nyiragongo, République démocratique du Congo

Population à risque : Un peu plus de neuf millions de personnes vivent dans un rayon de 100 km ; un million d’entre elles se trouvent à moins de 20 km du sommet. Dernière éruption connue : 2019. Ce volcan africain a un sommet plat comme le Galeras, en Amérique du Sud. Mais contrairement au Galeras, le Nyiragongo abrite une série de lacs de lave depuis des siècles. C’est un danger mortel, car ces lacs se drainent toutes les quelques décennies.

La lave est extrêmement fluide, ce qui signifie qu’elle doit parcourir de longues distances, même jusqu’à la ville voisine de Goma. Cela s’est produit deux fois récemment : en 1994, pendant la guerre civile, et de nouveau en 2002, où elle a tué environ 150 personnes en plus de causer d’énormes dégâts. Malheureusement, la guerre et les problèmes sociaux ont limité ce que les volcanologues internationaux peuvent faire ici. Mais des acteurs locaux ont pris en charge la recherche et la surveillance de ce volcan de la décennie.

8. Mont Rainier, États-Unis

Population à risque : Près de trois millions. Dernière éruption connue : 1450 apr. J.-C. (des éruptions au cours des années 1800 ont été signalées mais non confirmées). Ce site mondialement connu près de Seattle, a connu sa dernière grande explosion il y a environ 2 200 ans. Mais ce n’est pas le seul danger. Le Mont Rainier, qui est fortement glaciaire, a tendance à s’effondrer, provoquant d’énormes coulées de boue. Cela ne s’est jamais produit au cours de l’histoire. Les habitants d’Armero, en Colombie, n’ont pas eu cette chance en 1985.

La lave du volcan à calotte glaciaire, appelé Nevado del Ruiz, a fait fondre les glaciers du sommet et a envoyé une coulée de boue qui a englouti Armero et d’autres communautés, tuant plus de 23 000 personnes. La tragédie d’Armero a été l’un des principaux facteurs à l’origine de la déclaration des Nations unies sur la réduction des risques et du projet « Volcan de la décennie ». En partie grâce à toute cette attention, le Mont Rainier dispose désormais d’une meilleure surveillance et d’une meilleure cartographie des risques.

7. Sakurajima, Japon

Population à risque : 2,6 millions. Dernière éruption connue : 2019. Vous n’avez peut-être pas entendu parler de ce volcan, qui se trouve sur la même île que le Mont Fuji, mais plus au sud. Le Fuji-san, de renommée mondiale, est une menace sérieuse pour Tokyo et fait l’objet d’intenses recherches. Peut-être que le comité de sélection du Volcan de la Décennie a plutôt choisi Sakurajima parce que ce dangereux volcan n’est pas aussi connu. Après tout, vous n’avez pas vu ce qui suit se produire à Tokyo récemment.

Mais cette vidéo de 2013 montre l’un des dangers auxquels les habitants de la ville de Kagoshima, située à moins de 10 kilomètres de Sakurajima, sont souvent confrontés. Le volcan Sakurajima était une île de la baie de Kagoshima jusqu’en 1914, date à laquelle une de ses éruptions explosives a également déclenché des coulées de lave qui l’ont relié au continent. Aujourd’hui, des milliers de personnes vivent dans la région. Les enfants portent des casques de protection, au cas où il pleuvrait des pierres sur le chemin de l’école.

6. Santa Maria/Santiaguito, Guatemala

Population à risque : 6 200 000. Dernière éruption : 2019. Il ne s’agit pas de deux volcans séparés, comme c’est le cas pour l’Avachinski et le Koriakski en Russie. Ici, « Santa Maria » est le stratovolcan et « Santiaguito » est ce que l’on appelle le complexe de dômes de lave près du sommet. Santiaguito connaît de fréquentes éruptions mineures. De plus, les dômes s’effondrent parfois, provoquant des coulées pyroclastiques. Des explosions plus importantes et des coulées de boue sont également possibles.

Ce complexe de dômes existe depuis 1929, date à laquelle le Santa Maria a mis fin à 27 ans d’éruptions violentes qui ont tué plus de 7 000 personnes. Le statut de volcan de la décennie Santa Maria/Santiaguito n’a pas encore donné lieu à de nombreux projets financés par le gouvernement. Le Guatemala compte de nombreux volcans qui requièrent une attention particulière. Les responsables doivent encore être convaincus que la préparation avant une autre éruption majeure ici sera moins coûteuse que de faire face aux conséquences d’une autre plus tard.

5. Santorin, Grèce

Population à risque : 67 500. Dernière éruption connue : 1950. Les volcanologues sont curieux de connaître l’histoire de l’éruption qui a donné à Santorin, aussi appelée Théra ou Thira, son aspect dramatique. Santorin est la plus grande des îles de l’archipel de Santorin, en Grèce. Les vulcanologues ont identifié au moins quatre événements de formation de caldeira au cours des 180 000 dernières années. La plus récente date d’il y a environ 3 600 ans, vers 1 600 av. J.-C..

C’est cette dernière éruption qui a pu condamner la civilisation minoenne, qui se concentrait sur l’île voisine de Crète. Ou pas d’ailleurs. Personne n’est encore vraiment sûr de ce qui a mis fin à cette culture étonnante. Grâce au programme « Volcan de la décennie », Santorin dispose maintenant de son premier observatoire volcanique moderne. Jusqu’à présent, il n’a détecté que des essaims occasionnels d’activité sismique, rien qui ne ressemble vraiment à une éruption imminente.

4. Teide, Îles Canaries

Population à risque : 766 000. Dernière éruption connue : 1909. Teide se situe sur l’île de Tenerife, à l’ouest des côtes d’Afrique du Nord, dans l’archipel des îles Canaries. En fait, toute l’île de Tenerife est un complexe de stratovolcans qui sont actifs depuis l’époque du Miocène. Avec ses 3 718 mètres, le Teide est le point culminant de l’Espagne mais aussi tout simplement le plus élevé, et aussi l’un des plus jeunes de l’île de Tenerife.

Le Teide se trouve dans la caldeira de las Cañadas, de forme elliptique, large de 1 000 x 17 000 mètres, et la vue du sommet est extraordinaire ! La caldeira de las Cañadas s’est formée par l’effondrement d’un ancien volcan nommé Cañadas. Ces fumerolles produisant du soufre sont le seul signe visible de l’activité actuelle. Le Teide a également connu quelques tremblements de terre, mais il est par ailleurs calme. L’éruption la plus récente date de 1909.

3. Ulawun, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Population à risque : 61 000. Dernière éruption connue : 2019. Vous n’avez peut-être pas entendu parler de ce volcan insulaire du Pacifique Sud situé dans l’Est de l’île de Nouvelle-Bretagne, mais (avec les contributions d’une montagne de feu russe tout aussi obscure) Ulawun vous a offert des couchers de soleil violets l’année dernière ! L’Ulawun est l’un des volcans les plus actifs de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Ses éruptions, bien qu’explosives, étaient auparavant assez mineures jusque dans les années 1970. À partir de ce moment, les explosions plus importantes sont devenues plus fréquentes, notamment une éruption qui s’est déroulée en 2000. En juin 2019, une nouvelle éruption a eu lieu. Aujourd’hui, ce magnifique stratovolcan tropical se comporte à nouveau comme l’un des reporters les plus doux du Daily Planet. Nous devons rester à l’écoute et voir ce qui se passe ensuite.

2. Unzen, Japon

Population à risque : 7 300 000. Dernière éruption connue : 1996. Oui, c’est bien celui qui a tué les volcanologues Harry Glicken, Katia Krafft et Maurice Krafft, ainsi que 40 autres personnes en 1993. L’Unzen n’est pas tant un seul volcan qu’un amalgame de trois grands stratovolcans et de plusieurs dômes de lave, qui occupe la majeure partie de la péninsule de Shimabara à l’est de Nagasaki. Les coulées pyroclastiques constituent un danger majeur ici. Et parfois, des matériaux qui s’effondrent tombent dans la mer.

Ces retombées dans la mer génèrent des tsunamis comme celui de 1792 qui a causé la plupart des quelque 14 000 victimes d’Unzen cette année-là. Le mont Unzen s’est réveillé en 1990, forçant des évacuations de la population environnante et détruisant plus de 2 000 bâtiments près de la ville de Shimabara. Tout est calme maintenant. Lorsque l’Unzen se réveillera, les prévisions d’activité seront plus précises grâce aux données obtenues dans le cadre des études sur les volcans de la Décennie et d’autres recherches.

1. Vésuve, Italie

Population à risque : Plus de 6 millions. Dernière éruption connue : 1944. Vous saviez que le Vésuve serait sur la liste, n’est-ce pas ? Regardez cette vidéo pour voir à quoi ressemble de près une éruption de VEI 5. Les seuls risques volcaniques typiques qui ne sont pas montrés dans cette animation sont la lave, le gaz et les tsunamis, bien qu’ils aient tous fait des victimes ce jour-là également. Les coulées pyroclastiques, la lave et le gaz ont tué des gens et causé des dommages massifs lors d’autres éruptions du Vésuve, dont la dernière dans les années 1940. Des glissements de terrain générant des tsunamis dans la baie de Naples sont également possibles.

Bien que tout le monde soit conscient des dangers qui existent ici depuis des siècles, la question a été abordée pour la première fois dans le cadre du programme « Volcan de la décennie ». Aujourd’hui, des plans d’urgence basés sur l’éruption de Pompéi et sur une autre puissante éruption de 1631 sont en place et régulièrement révisés. Difficile d’évacuer Naples et ses environs, mais le Vésuve ne surprendra pas les scientifiques et le personnel d’urgence la prochaine fois qu’il reprendra vie. Le pire volcan du monde sera celui qui entrera en éruption près de chez vous, qu’il figure ou non sur cette liste. Mais grâce au programme « Volcan de la décennie », des leçons ont été tirées pour aider les gens à survivre et à gérer une crise volcanique où qu’elle se produise.